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dimanche 16 janvier 2011

Bye-Bye Ben-Ali: Something's got to give

Après un mois de manifestations et de contestation en Tunisie, Ben-Ali a quitté le pouvoir par la plus petite des portes. Parti dans l'empressement et la désorganisation après 23 ans de pouvoir, on ne sait toujours pas où il a bien pu se cacher, et encore moins ce qu'il va advenir de la Tunisie. Pour l'instant, c'est la continuité du pouvoir puisque c'est le premier ministre qui reprend les rênes du pouvoir. Cela semble être la seule solution envisageable dans un pays sans opposition et sans alternative politique. Espérons simplement que les Tunisiens arriveront à se construire rapidement un système démocratique sans sombrer dans le chaos.

Cette première révolution de 2011, fait donc chuter un régime soutenu de longue date par la France, que ce soit sous Chirac (souvenez-vous en 2003: "Le premier des droits de l'Homme, c'est de manger, d'être soigné, de recevoir une éducation et d'avoir un habitat") ou Sarkozy. Le mutisme relatif de l'Etat français est d'ailleurs assez parlant, tant il montre la gêne qu'éprouve M. Sarkozy a se dédire après tant d'années passées à oublier les questions des droits de l'Homme pour signer des contrats et lutter contre le terrorisme.

Quoi qu'il en soit, on semble peut se poser la question de la cause de cette révolte devenue révolution. Bien entendu, la fin d'un régime cruel, dictatorial, réprimant toujours plus son peuple est une raison amplement suffisante, mais l'histoire montre que ce n'est jamais la seule raison de ces moments où en un instant des peuples renversent des pouvoirs illégitimes. L'économie est rarement très loin, et en cela cette révolution Tunisienne est porteuse d'un message qui dépasse largement les frontières du pays. En effet, les Tunisiens se sont révoltés aussi car ils ne voyaient plus leur avenir s'améliorer. Comme souvent, le mouvement a été beaucoup porté par des jeunes, plus ou moins aisés, souvent diplômés, incapables de trouver des emplois, et par l'ensemble d'une population se révoltant contre la hausse continue des prix de base, alors que les salaires, eux, stagnent et que le chômage de masse augmente.

Ces manifestations, autant contre le pouvoir du despote en lui-même que contre la corruption organisée et le pillage des richesses par la classe dirigeante (et surtout la famille de Ben-Ali), peuvent aussi être analysée comme un enième symptôme de la crise économique, et nous devrions nous interroger sur les crises que risquent de vivre nos pays "développés" si nos gouvernements démocratiques continuent nier l'existence d'un ras le bol de plus en plus généralisé, qui si on n'y fait pas face, risque de plus en plus de dégénérer (émeutes en Grèce, en Angleterre, au Maghreb, manifs contre les retraites en France)...

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